Les 3 formes de co-construction territoriale
Existe-t-il un cadre commun pour définir la nature de la co-construction territoriale ? Il ne s’agit naturellement pas de disposer d’un modèle unique standardisé, qui serait à la fois impossible et inutile ; mais bien d’identifier les similitudes au sein de la diversité d’initiatives. A travers ses travaux de recherche, Le RAMEAU qualifie 3 formes de co-construction en territoire : le dialogue territorial, les partenariats entre les organisations, et les expérimentations collectives.
Le dialogue territorial est une dynamique d’animation collective. Il permet la mobilisation des acteurs d’un territoire autour d’une conscience partagée de ce territoire. Il facile l’éveil à la notion d’alliances entre « mondes » pour répondre à des enjeux partagés. Le dialogue territorial vise à croiser les regards des différents acteurs (associations, entreprises, Pouvoirs publics, universités, experts, médias) pour partager leurs connaissances : les fragilités de leur territoire, ses atouts, ses spécificités… Ce dialogue permet la création d’un écosystème favorable au développement d’alliances innovantes ainsi qu’à l’émergence de solutions pertinentes pour répondre aux enjeux du territoire. Qu’il s’agisse de réduire les fragilités ou de créer de nouveaux moteurs de croissance et d’emplois, le dialogue est un catalyseur d’initiatives.
Exemple : La Communauté de communes de Charenton Saint Maurice a engagé en 2011 un dialogue territorial au travers de la démarche « Agir ensemble à Charenton Saint Maurice ». La dynamique autour de 3 axes : insertion des jeunes, handicap et précarité a permis d’établir un plan d’actions concertées entre associations, entreprises et Collectivités Territoriales. Elle a fait émerger l’initiative « Quand Elèves et Entreprises se rencontrent ». L’évaluation de l’initiative réalisée en 2016 par Accenture dans le cadre d’un mécénat de compétences a fait apparaitre la valeur ajoutée pour le territoire [1].
Les partenariats entre organisations, relèvent d’une capacité à agir ensemble autour d’un objectif commun. Ils répondent aux enjeux des territoires, mais aussi aux objectifs respectifs des partenaires engagés. Ils partent majoritairement d’un projet et/ou d’un besoin qualifié par l’un d’eux auxquels sont associés les autres afin d’optimiser les résultats possibles. Les travaux du RAMEAU ont permis d’établir une typologie de 9 modalités de partenariats autour de 4 grandes catégories [2].
Exemple de pratique responsable [3] : Depuis 2013, SUEZ Eaux Grand Est fait appel à l’association ADEIS pour le recyclage de l’enrobé lors de ses travaux de terrassement. Dans le cadre de cette prestation de services, des travailleurs en insertion travaillent ainsi avec des salariés de l’entreprise. Ce partenariat a été rendu possible grâce à l’intermédiation du Labo régional des partenariats en Alsace.
Pour de plus amples exemples, le guide ORSE – Le RAMEAU sur les partenariats [4], illustre la diversité des formes de partenariat au travers d’une trentaine d’études de cas.
L’expérimentation collective est également une action mobilisatrice du territoire. A la différence des partenariats, elle ne part pas des objectifs et des actions d’un ou plusieurs des partenaires, mais d’une réflexion commune face aux enjeux partagés. Elle consiste à concevoir et mettre en œuvre une solution qui ne préexistait pas sur la base de la mobilisation d’acteurs divers du territoire (associations, entreprises, pouvoirs publics, universités, experts, médias) autour d’un défi d’intérêt général partagé (par exemple : l’emploi, le recyclage, l’éducation, le numérique…). Cette expérimentation a pour objectif de cheminer ensemble vers une solution concrète en mobilisant les énergies de chacun.
Exemple : L’expérimentation collective Silver Geek est née autour d’un collectif d’acteurs (Orange, MACIF, La Poste, SPN, Unis-Cité, Ateliers du Bocage, Passerelles & Compétences, Futurolan, Centre Socio-Culturel des 3 Cités, URIOPSS, CRESS Poitou-Charentes, Conseil Général des Deux Sèvres). Elle consiste à organiser des ateliers numériques animés par des jeunes en service civique auprès des seniors en structures d’accueil. Dans cet exemple, l’émergence des besoins a pu être réalisée grâce à l’animation initiale de La Poste visant à faire émerger les besoins du territoire. La co-construction de la solution Silver Geek a pu être réalisée en atelier de travail, disposant d’une ingénierie d’animation adaptée. Enfin, au bout d’un an d’expérimentation, Silver Geek a procédé à l’évaluation [5] de son action et travaille à l’essaimage de cette initiative ayant démontré de nombreux impacts positifs.
[1] Retour d’expérience d’Agir ensemble à Charenton Saint Maurice (Accenture, février 2016)
[2] Guide « construire ensemble » (MEDEF – Le RAMEAU, avril 2014)
[3] Pour plus d’informations voir le site du Labo régional des partenariats d’Alsace : www.lelabo-partenariats.org
[4] Guide pratique sur les partenariats (ORSE – Le RAMEAU, décembre 2012)
[5] Pour plus d’information sur l’évaluation de l’utilité sociétale de Silver Geek, menée en partenariat avec Le RAMEAU, voir http://collectifsilvergeek.tumblr.com/